Continuons pour passer à l’échelle !

L’hydrogène évolue pour répondre à une vision élargie de son rôle dans un monde où la neutralité carbone est un objectif. Quasiment chaque semaine une nouvelle étude est réalisée par un gouvernement ou une ONG, un acteur financier, un consultant en stratégie ou une des majors de l’énergie. Chaque rapport conclut que l’hydrogène devrait représenter 15 % ou 20 % de la consommation mondiale d’énergie d’ici 2050. Pour y parvenir, nous devons multiplier la quantité d’hydrogène produite par un facteur de dix, basculer le processus vers le vert ou la capture de carbone, et créer l’infrastructure nécessaire à la distribution.
Parallèlement à la vision Net Zero, le soutien financier stimule le passage à l’échelle. Les engagements de financement des gouvernements ont grimpé en flèche pour atteindre plus de 70 milliards de dollars. Le total des investissements dans des projets dans le monde augmente de près d’un milliard par semaine. La teneur des plans annoncés varie considérablement, mais ils couvrent l’Europe, l’Australie, la Corée, le Japon et d’autres régions du monde. La Chine possède désormais le plus grand déploiement au monde de camions et de bus à hydrogène. Le pays dépensera 5 milliards de dollars supplémentaires pour le déploiement de véhicules à pile à combustible d’ici 2024.
L’expression la plus tangible de ce passage à l’échelle massif de l’hydrogène est le nombre de projets d’ampleur annoncés au cours des deux dernières années. Le Conseil de l’hydrogène en a recensé plus de 350. A l’image des engagements des Etats, les projets sont largement présents à travers le monde, avec plus de 80% des nouveaux projets localisés en Europe, mais la Chine à elle seule a annoncé plus de 50 projets hydrogène à grande échelle au total.
L’investissement total dans l’hydrogène à horizon 2030 atteindra 500 milliards de dollars, dont 130 milliards de dollars directement associés à des projets déjà annoncés, 120 milliards de dollars d’investissements directs supplémentaires nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par les gouvernements et 250 milliards de dollars d’investissements implicites des fabricants et fournisseurs d’équipements.
Certains des projets se concentrent sur l’augmentation de la capacité d’électrolyse, car la taille et l’échelle des raffineries d’hydrogène doivent augmenter de façon exponentielle pour permettre de répondre à l’objectif. La capacité actuellement installée dans le monde est d’environ 300 MW. L’ambition, cependant, est d’environ 80 GW. L’UE à elle seule s’est fixé un objectif de 40 GW pour 2030 (contre moins de 0,1 GW aujourd’hui). Déjà plusieurs projets ont été annoncés et promettent au total environ 3 GW. Les capacités de raffinage de l’hydrogène vert à l’échelle mondiale sont sur le point de devenir significatives.
En aval, à l’autre bout de la chaîne de valeur, l’hydrogène commence à jouer un rôle important dans certains secteurs, notamment les transports. Les piles à combustible à hydrogène alimentent plus de 20 000 voitures, camions et bus dans le monde et plus de 30 000 chariots élévateurs. À Paris, une flotte de plus de 100 anciens taxis diesel est désormais alimentée à l’hydrogène, et 600 autres devraient bientôt passer à l’hydrogène vert.
Plus tôt cette année, Air Liquide, partenaire du projet de taxi parisien, a achevé la construction du plus grand électrolyseur à membrane échangeuse de protons au monde, entièrement alimenté par des énergies renouvelables pour générer de l’hydrogène vert. Située au Canada, sa capacité a doublé pour produire jusqu’à 8,2 tonnes par jour à partir de l’installation de 20 MW.
Le passage à l’échelle est essentiel. Ce n’est qu’avec des volumes élevés – d’électrolyse, de véhicules et d’autres applications de l’hydrogène – qu’il sera possible d’atteindre des niveaux de prix raisonnablement compétitifs. Ce n’est que lorsque l’échelle sera atteinte que l’hydrogène pourra devenir un nouveau vecteur énergétique à même de transporter l’énergie renouvelable excédentaire vers les pays importateurs sous forme d’hydrogène liquide ou d’ammoniac, remplaçant – dans la deuxième partie de la décennie – ce que le GNL a fait au cours des 40 dernières années. Ce n’est que lorsque les alternatives à l’hydrogène seront abordables que leur adoption sera suffisante pour atteindre le Net Zero.
Ces objectifs nous obligent à concrétiser nos ambitions à travers le développement de projets à une échelle réaliste et reproductible, chacun soutenu par un modèle économique durable. En planifiant et en exécutant avec soin les prochains grands projets, nous afficherons des résultats tangibles avant 2030 et même plus tôt, créant ainsi l’élan nécessaire pour poursuivre le passage à l’échelle.
Le passage à l’échelle en chiffres
- 75 pays représentant plus de la moitié du PIB mondial affichent l’ambition d’atteindre le Net Zero
- Plus de 30 pays ont publié des feuilles de route sur l’hydrogène
- Des gouvernements ont engagé plus de 70 milliards de dollars de financement public
- 359 projets hydrogène à grande échelle ont été annoncés
- 85 % des projets mondiaux proviennent d’Europe, d’Asie et d’Australie
- Le besoin de financement total et les engagements pour ces projets dépassent 500 milliards de dollars à horizon 2030
- Des projets d’une valeur de 150 milliards de dollars ont d’ores et déjà fait l’objet d’une décision définitive d’investissement
- Le passage à l’échelle se traduit par des prévisions de coûts très raisonnables, de l’ordre de 480$ par kW d’ici 2025 pour atteindre un minimum de 230$ d’ici 2030